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LE BANQUET GRISEL.

toutes les existences humaines mêlées à ce convoi, voilà ce que la République glorifie.

En honorant cet homme, elle honore les deux cent mille travailleurs des chemins de fer de France que Grisel représente.

Maintenant, qui a fait cet homme ? C’est le travail. Qui a fait cette fête ? C’est la République.

Citoyens, vive la République !

Cette allocution est suivie d’applaudissements prolongés et des cris de : Vive Victor Hugo !

Les membres du comité apportent un buste de la République et prient Victor Hugo de le remettre à Grisel. — Je le fais de grand cœur, dit le poète ; et il serre la main de Grisel, qui, ému, répond :

— Au nom des mécaniciens de France, je remercie Victor Hugo, le poëte immortel, d’avoir bien voulu présider cette fête fraternelle et démocratique.

M. Martin Nadaud, député, fait l’éloge chaleureux des travailleurs, et salue, dans Victor Hugo le grand travailleur, le plus grand génie du siècle.

M. Gambetta prononce à son tour quelques paroles, et dit :

« Cette belle fête a son caractère essentiel, qui est la paix sociale, comme le disait tout à l’heure celui qui est notre maître à tous, Victor Hugo. (Bravos.)

« Je crois que la pensée unanime de cette réunion peut être exprimée par le toast que je porte ici : Au génie et au travail ! À Victor Hugo ! À Grisel ! (Acclamations !)

« Beau et grand spectacle ! l’homme qui résume les hauteurs du génie national mettant sa main dans la main du généreux travailleur qui, depuis vingt-cinq ans, attendait la récompense qu’il n’a jamais sollicitée. »

Victor Hugo lève la séance.

Au dehors, la foule est innombrable sur le boulevard. Comme à l’arrivée, Victor Hugo est, à son départ, l’objet d’une ovation enthousiaste. Il faut toute la vigilance des gardiens de la paix pour qu’il