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MORT DE VICTOR HUGO.

théose pour Victor Hugo. Ils ne se ressemblent pas par le génie, ce poëte et ce philosophe, ces deux conteurs merveilleux ; ils se ressemblent par l’amour de l’humanité. Ce sont deux papes de l’esprit humain.

Henri Fouquier :

Victor Hugo a été le poëte du siècle.

Pas un homme, dans le monde entier contemporain, ne pourrait songer un instant à opposer son œuvre à l’œuvre immense de Victor Hugo.

Il n’est pas une forme de la pensée humaine qu’il n’ait abordée, toujours avec supériorité, le plus souvent avec génie. Sa lyre avait toutes les cordes ; il a été sans effort de la chanson d’Anacréon au poëme épique de Dante. Il a tout compris de l’humanité, tout aimé, tout chanté.

Henry Houssaye :

Le génie de Victor Hugo rayonne sur la France depuis soixante ans. Cinq générations d’écrivains l’ont salué vivant comme un maître souverain. Ce siècle est plein de lui, de ses œuvres, de ses paroles, de sa langue, de ses conceptions, de la musique de ses vers, de la lumière de ses idées. De Sainte-Hélène à l’île de Chio, tous les vaincus ont trouvé sa voix d’airain pour les glorifier. Immense a été et est encore son action sur les lettres françaises. Tous ceux qui tiennent une plume aujourd’hui, les prosateurs comme les poëtes, les journalistes comme les auteurs dramatiques, procèdent plus ou moins de lui. Ils se servent d’épithètes et d’images, ils ont des alliances de termes et des surprises de rimes, des tours de phrases et des formes de pensée, qui sont des réminiscences inconscientes de Victor Hugo. Le style moderne est marqué à son empreinte. Son œuvre écrite passe par le nombre des volumes celle même de Voltaire et égale par la puissance et l’éclat celle des plus grands poëtes.

On ne peut pas dire de Victor Hugo qu’il meurt pour entrer dans l’immortalité, car son immortalité avait commencé lui vivant. Depuis quinze ans et plus, il assistait à son apothéose. Ses adversaires mêmes, ceux de la politique et ceux des lettres, se taisaient devant sa glorieuse vieillesse. Et, avec le vingtième siècle, viendra la