Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/124

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                          VIII

L’aube froide blêmit, vaguement apparue.
Une foule défile en ordre dans la rue ;
Je la suis, entraîné par ce grand bruit vivant
Que font les pas humains quand ils vont en avant.
Ce sont des citoyens partant pour la bataille.
Purs soldats ! Dans les rangs, plus petit par la taille,
Mais égal par le cœur, l’enfant avec fierté
Tient par la main son père, et la femme à côté
Marche avec le fusil du mari sur l’épaule.
C’est la tradition des femmes de la Gaule
D’aider l’homme à porter l’armure, et d’être là,
Soit qu’on nargue César, soit qu’on brave Attila,