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Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/211

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Grange où l’esprit de l’homme a mis sa gerbe immense !

Pour qui travaillez-vous ? où va votre démence ?
Deux faces ici-bas se regardent, le jour
Et la nuit, l’âpre Haine et le puissant Amour,
Deux principes, le bien et le mal, se soufflettent,
Et deux villes, qui sont deux mystères, reflètent,
Ce choc de deux éclairs devant nos yeux émus,
Et Rome est Arimane et Paris est Ormus.
Rome est le maître-autel où les vieux dogmes fument
Au sommet de Paris à flots de pourpre écument
En pleine éruption toutes les vérités,
La justice, jetant des rayons irrités,
La liberté, le droit, ces grandes clartés vierges.
En face de la Rome où vacillent les cierges,
Des révolutions Paris est le volcan.
Ici l’Hôtel-de-Ville et là le Vatican.
C’est au profit de l’un qu’on supprimerait l’autre.
Rome hait la raison dont Paris est l’apôtre.
O malheureux ! voyez où l’on vous entraîna.
Devant le lampion vous éteignez l’Etna !
Il ne resterait plus que cette lueur vile.
Le Vatican prospère où meurt l’Hôtel-de-Ville.
Deuil ! folie ! immoler l’âme au suaire noir,
La parole au bâillon, l’étoile à l’éteignoir,
La vérité qui sauve au mensonge qui frappe,
Et le Paris du peuple à la Rome du pape !

                          *