Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/217

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A quiconque vous donne un conseil contre l’homme ;
Résistez aux douleurs, résistez à la faim.
Si vous saviez combien on fut près de la fin !

                          *

Oh ! l’applaudissement des spectres est terrible !
Peuple, sur ta cité, comme aux temps de la Bible,
Quand l’incendie aux crins de flamme se leva,
Quand, ainsi que Ninive en proie à Jehovah,
Lutèce agonisa, maison de la lumière ;
Quand le Louvre prit feu comme un toit de chaumière,
Avec mil huit cent trente, avec quatre-vingt-neuf !
Quand la Seine coula rouge sous le pont Neuf ;
Quand le Palais, école où la justice épelle,
Soudain se détachant de la Sainte-Chapelle,
Tomba comme un haillon qu’une femme découd ;
Quand la destruction empourpra tout à coup
Le haut temple où Voltaire et Jean-Jacques dormirent,
Et tout ce vaste amas que les peuples admirent,
Dômes, arcs triomphaux, cirques, frontons, pavois,
D’où partent des clartés et d’où sortent des voix,
Quand on crut un moment voir la cité de gloire,
D’espérance et d’azur changée en ville noire,
Et Paris en fumée affreuse dissipé ;
Ce flamboiement lugubre, ainsi que dans Tempé