Aller au contenu

Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
AOUT.

Comment un ruisseau vil est pire qu’un torrent,
Et de quelles stupeurs la main du sort est pleine,
Même après Waterloo, même après Sainte-Hélène !
Dieu veut des astres noirs empêcher le lever.
Comme il était utile et juste d’achever
Brumaire et ce Décembre encor couvert de voiles
Par une éclaboussure allant jusqu’aux étoiles
Et jusqu’aux souvenirs énormes d’autrefois,
Comme il faut au plateau jeter le dernier poids,
Celui qui pèse tout voulut montrer au monde,
Après la grande fin, l’écroulement immonde,
Pour que le genre humain reçût une leçon,
Pour qu’il eût le mépris ayant eu le frisson,
Pour qu’après l’épopée on eût la parodie,
Et pour que nous vissions ce qu’une tragédie
Peut contenir d’horreur, de cendre et de néant
Quand c’est un nain qui fait la chute d’un géant.

Cet homme étant le crime, il était nécessaire
Que tout le misérable eût toute la misère,
Et qu’il eût à jamais le deuil pour piédestal ;
Il fallait que la fin de cet escroc fatal
Par qui le guet-apens jusqu’à l’empire monte
Fût telle que la boue elle-même en eût honte,
Et que César, flairé des chiens avec dégoût,
Donnât, en y tombant, la nausée à l’égout.