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Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/327

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J’ai rempli mon devoir, c’est bien, je souffre heureux,
Car toute la justice est en moi, grain de sable.
Quand on fait ce qu’on peut on rend Dieu responsable,
Et je vais devant moi, sachant que rien ne ment,
Sûr de l’honnêteté du profond firmament !
Et je crie : Espérez ! à quiconque aime et pense ;
Et j’affirme que l’Etre inconnu qui dépense,
Sans compter, les splendeurs, les fleurs, les univers,
Et, comme s’il vidait des sacs toujours ouverts,
Les astres, les saisons, les vents, et qui prodigue
Aux monts perçant la nue, aux mers rongeant la digue,
Sans relâche, l’azur, l’éclair, le jour, le ciel ;
Que celui qui répand un flot torrentiel
De lumière, de vie et d’amour dans l’espace,
J’affirme que celui qui ne meurt ni ne passe,
Qui fit le monde, un livre où le prêtre a mal lu,
Qui donne la beauté pour forme à l’absolu,
Réel malgré le doute et vrai malgré la fable,
L’éternel, l’infini, Dieu, n’est pas insolvable !