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Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/66

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                         IV


Qu’est-ce que cela fait à cette grande France ?
Son tragique dédain va jusqu’à l’ignorance.
Elle existe, et ne sait ce que dit d’elle un tas
D’inconnus, chez les rois ou dans les galetas ;
Soyez un va-nu-pieds ou soyez un ministre,
Vous n’avez point du mal la majesté sinistre ;
Vous bourdonnez en vain sur son éternité.
Vous l’insultez. Qui donc avez-vous insulté ?
Elle n’aperçoit pas dans ses deuils ou ses fêtes
L’espèce d’ombre obscure et vague que vous êtes ;
Tâchez d’être quelqu’un, Tibère, Gengiskan,
Soyez l’homme fléau, soyez l’homme volcan,
On examinera si vous valez la peine
Qu’on vous méprise ; ayez quelque titre à la haine,
Et l’on verra. Sinon, allez-vous-en. Un nain
Peut à sa petitesse ajouter son venin
Sans cesser d’être un nain, et qu’importe l’atome ?
Qu’importe l’affront vil qui tombe de cet homme ?
Qu’importent