Page:Hugo - L'Art d'être grand-père, 1877.djvu/196

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                          Je suis sorti de la volière,
Tenant toujours l’oiseau ; je me suis approché
Du vieux balcon de bois par le lierre caché ;
Ô renouveau ! Soleil ! tout palpite, tout vibre,
Tout rayonne ; et j’ai dit, ouvrant la main : Sois libre !

L’oiseau s’est évadé dans les rameaux flottants,
Et dans l’immensité splendide du printemps ;
Et j’ai vu s’en aller au loin la petite âme
Dans cette clarté rose où se mêle une flamme,
Dans l’air profond, parmi les arbres infinis,
Volant au vague appel des amours et des nids,
Planant éperdument vers d’autres ailes blanches,
Ne sachant quel palais choisir, courant aux branches,
Aux fleurs, aux flots, aux bois fraîchement reverdis,
Avec l’effarement d’entrer au paradis.

Alors, dans la lumière et dans la transparence,
Regardant cette faite et cette délivrance,
Et ce pauvre être, ainsi disparu dans le port,
Pensif, je me suis dit : Je viens d’être la mort.