Page:Hugo - L'Art d'être grand-père, 1877.djvu/288

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Voir le dedans du sort misérable, et connaître
Ces recoins où trop peu de lumière pénètre ;
Pourquoi l’assassinat du Midi par le Nord,
Pourquoi Paris vivant vaincu par Berlin mort,
Pourquoi le bagne à l’ange et le trône au squelette ;
Ô France, je prétends mettre sur la sellette
La guerre, les combats, nos affronts, nos malheurs,
Et je ferai vider leur poche à ces voleurs,
Car juger le hasard, c’est le droit du prophète.
J’affirme que la loi morale n’est pas faite
Pour qu’on souffle dessus là-haut, dans la hauteur,
Et qu’un événement peut être un malfaiteur.
J’avertis l’inconnu que je perds patience ;
Et c’est là la grandeur de notre conscience
Que, seule et triste, ayant pour appui le berceau,
L’innocence, le droit des faibles, le roseau,
Elle est terrible ; elle a, par ce seul mot : Justice,
Entrée au ciel ; et, si la comète au solstice
S’égare, elle pourrait lui montrer son chemin ;
Elle requiert Dieu même au nom du genre humain ;
Elle est la vérité, blanche, pâle, immortelle ;
Pas une force n’est la force devant elle ;
Les lois qu’on ne voit pas penchent de son côté ;
Oui, c’est là la puissance et c’est là la beauté
De notre conscience, — écoute ceci, prêtre, —
Qu’elle ne comprend pas qu’un attentat puisse être
Par quelqu’un qui serait juste, prémédité ;
Oui, sans armes, n’ayant que cette nudité,