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Il y a des législations dispersantes. Ce statut tombant sur les comprachicos détermina une fuite générale, non seulement des comprachicos, mais des vagabonds de toute sorte. Ce fut à qui se déroberait et s’embarquerait. La plupart des comprachicos retournèrent en Espagne. Beaucoup, nous l’avons dit, étaient basques.

Cette loi protectrice de l’enfance eut un premier résultat bizarre : un subit délaissement d’enfants.

Ce statut pénal produisit immédiatement une foule d’enfants trouvés, c’est-à-dire perdus. Rien de plus aisé à comprendre. Toute troupe nomade contenant un enfant était suspecte ; le seul fait de la présence de l’enfant la dénonçait. — Ce sont probablement des comprachicos. — Telle était la première idée du shériff, du prévôt, du constable. De là des arrestations et des recherches. Des gens simplement misérables, réduits à rôder et mendier, étaient pris de la terreur de passer pour comprachicos, bien que ne l’étant pas ; mais les faibles sont peu rassurés sur les erreurs possibles de la justice. D’ailleurs les familles vagabondes sont habituellement effa-