Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 1.djvu/219

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reliefs alternants, réels à peine, ces vallées, ces hamacs, ces évanouissements de poitrails, ces ébauches ? Comment exprimer ces halliers de l’écume, mélangés de montagne et de songe ? L’indescriptible est là, partout, dans la déchirure, dans le froncement, dans l’inquiétude, dans le démenti personnel, dans le clair-obscur, dans les pendentifs de la nuée, dans les clefs de voûtes toujours défaites, dans la désagrégation sans lacune et sans rupture, et dans le fracas funèbre que fait toute cette démence.

La brise venait de se déclarer plein nord. Elle était tellement favorable dans sa violence, et si utile à l’éloignement de l’Angleterre, que le patron de la Matutina s’était décidé à couvrir la barque de toile. L’ourque s’évadait dans l’écume, comme au galop, toutes voiles hors, vent arrière, bondissant de vague en vague, avec rage et gaieté. Les fugitifs, ravis, riaient. Ils battaient des mains, applaudissant la houle, le flot, les souffles, les voiles, la vitesse, la fuite, l’avenir ignoré. Le docteur semblait ne pas les voir, et songeait.

Tout vestige de jour s’était éclipsé.