Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 1.djvu/250

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bas, la tour était compliquée d’étendards de mer, de banderoles, de bannières, de drapeaux, de pennons, de pavillons, qui montaient de hampe en hampe, d’étage en étage, amalgamant toutes les couleurs, toutes les formes, tous les blasons, tous les signaux, toutes les turbulences, jusqu’à la cage à rayons du phare, et faisaient dans la tempête une joyeuse émeute de guenilles autour de ce flamboiement. Cette effronterie de lumière au bord du gouffre ressemblait à un défi et mettait en verve d’audace les naufragés. Mais le phare des Casquets n’était point de cette mode.

C’était à cette époque un simple vieux phare barbare, tel que Henri Ier l’avait fait construire après la perdition de la Blanche-Nef, un bûcher flambant sous un treillis de fer au haut d’un rocher, une braise derrière une grille, et une chevelure de flamme dans le vent.

Le seul perfectionnement qu’avait eu ce phare depuis le douzième siècle, c’était un soufflet de forge mis en mouvement par une crémaillère à poids de pierre qu’on avait ajustée à la cage à feu en 1610.

À ces antiques phares-là, l’aventure des oi-