Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 1.djvu/59

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livrance, quand on lui amenait un malade, il le guérissait. Il avait des cordiaux et des breuvages pour prolonger la vie des vieillards. Il remettait les culs-de-jatte sur leurs pieds, et leur jetait ce sarcasme : « Te voilà sur tes pattes. Puisses-tu marcher longtemps dans la vallée de larmes ! » Quand il voyait un pauvre mourant de faim, il lui donnait tous les liards qu’il avait sur lui en grommelant : — Vis, misérable ! mange ! dure longtemps ! ce n’est pas moi qui abrégerai ton bagne. — Après quoi, il se frottait les mains, et disait : — Je fais aux hommes tout le mal que je peux.

Les passants pouvaient, par le trou de la lucarne de l’arrière, lire au plafond de la cahute cette enseigne, écrite l’intérieur, mais visible du dehors, et charbonnée en grosses lettres : Ursus, philosophe.