Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 1.djvu/83

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tiers malfaiteurs, disons-le, et particulièrement aux gypsies, dont l’expulsion a été à tort comparée à l’expulsion des juifs et des maures d’Espagne, et des protestants de France. Quant à nous, nous ne confondons point une battue avec une persécution.

Les comprachicos, insistons-y, n’avaient rien de commun avec les gypsies. Les gypsies étaient une nation ; les comprachicos étaient un composé de toutes les nations ; un résidu, nous l’avons dit ; cuvette horrible d’eaux immondes. Les comprachicos n’avaient point, comme les gypsies, un idiome à eux ; leur jargon était une promiscuité d’idiomes ; toutes les langues mêlées étaient leur langue ; ils parlaient un tohu-bohu. Ils avaient fini par être, ainsi que les gypsies, un peuple serpentant parmi les peuples ; mais leur lien commun était l’affiliation, non la race. À toutes les époques de l’histoire, on peut constater, dans cette vaste masse liquide qui est l’humanité, de ces ruisseaux d’hommes vénéneux coulant à part, avec quelque empoisonnement autour d’eux. Les gypsies étaient une famille ; les comprachicos étaient une franc-maçonnerie ; maçonnerie ayant,