Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/122

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Il la revoyait !

Il la revoyait terrible.

La femme nue, c’est la femme armée.

Il ne respirait plus. Il se sentait soulevé comme dans un nimbe, et poussé. Il regardait. Cette femme devant lui ! Était-ce possible ?

Au théâtre, duchesse. Ici, néréide, naïade, fée. Toujours apparition.

Il essaya de fuir et sentit que cela ne se pouvait pas. Ses regards étaient devenus deux chaînes, et l’attachaient à cette vision.

Était-ce une fille ? Était-ce une vierge ? Les deux. Messaline, présente peut-être dans l’invisible, devait sourire, et Diane devait veiller. Il y avait sur cette beauté la clarté de l’inaccessible. Pas de pureté comparable à cette forme chaste et altière. Certaines neiges qui n’ont jamais été touchées sont reconnaissables. Les blancheurs sacrées de la Yungfrau, cette femme les avait. Ce qui se dégageait de ce front inconscient, de cette vermeille chevelure éparse, de ces cils abaissés, de ces veines bleues vague-