Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/139

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en plus sa pensée osciller. C’était fini. Et impossible de douter. La lettre de la nuit, cette femme la confirmait. Lui, Gwynplaine, amant d’une duchesse, amant aimé ! l’immense orgueil aux mille têtes sombres remua dans ce cœur infortuné.

La vanité, force énorme en nous, contre nous.

La duchesse continua :

— Puisque tu es là, c’est que c’est voulu. Je n’en demande pas davantage. Il y a quelqu’un en haut, ou en bas, qui nous jette l’un à l’autre. Fiançailles du Styx et de l’Aurore. Fiançailles effrénées hors de toutes les lois ! Le jour où je t’ai vu, j’ai dit : — C’est lui. Je le reconnais. C’est le monstre de mes rêves. Il sera à moi. — Il faut aider le destin. C’est pourquoi je t’ai écrit. Une question, Gwynplaine ? crois-tu à la prédestination ? J’y crois, moi, depuis que j’ai lu le Songe de Scipion dans Cicéron. Tiens, je ne remarquais pas. Un habit de gentilhomme. Tu t’es habillé en seigneur. Pourquoi pas ! Tu es