Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/378

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encombré de balles et de caisses. Mais ils étaient sans doute couchés et probablement endormis dans les chambres de l’entre-pont sous les tillacs, la traversée devant se faire la nuit. En pareil cas, les passagers n’apparaissent sur le pont que le lendemain matin, au réveil. Quant à l’équipage, il soupait vraisemblablement, en attendant l’instant très prochain du départ, dans le réduit qu’on appelait alors « la cabine matelote ». De là la solitude des deux points de poupe et de proue reliés par la passerelle.

Le loup sur l’estacade avait presque couru ; sur le navire il se mit à marcher lentement, comme avec discrétion. Il remuait la queue, non plus joyeusement, mais avec l’oscillation faible et triste du chien inquiet. Il franchit, précédant toujours Gwynplaine, le tillac d’arrière, et il traversa le passavant.

Gwynplaine, en entrant sur la passerelle, aperçut devant lui une lueur. C’était la clarté qu’il avait vue de la berge. Une lanterne était posée à terre au pied du mât d’avant ; la réver-