Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/387

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Londres ! bonsoir, bonne nuit, au diable ! Ah ! l’horrible Londres !

Le navire en effet avait la commotion sourde du dérapement. L’écart se faisait entre l’estacade et l’arrière. On apercevait à l’autre bout du bâtiment, à la poupe, un homme debout, le patron sans doute, qui venait de sortir de l’intérieur du navire et avait délié l’amarre, et qui manœuvrait le gouvernail. Cet homme, attentif seulement au chenal, comme il convient lorsqu’on est composé du double flegme du hollandais et du matelot, n’entendant rien et ne voyant rien que l’eau et le vent, courbé sous l’extrémité de la barre, mêlé à l’obscurité, marchait lentement sur le tillac d’arrière, allant et revenant de tribord à bâbord, espèce de fantôme ayant une poutre sur l’épaule. Il était seul sur le pont. Tant qu’on serait en rivière, aucun autre marin n’était nécessaire. En quelques minutes le bâtiment fut au fil du fleuve. Il descendait sans tangage ni roulis. La Tamise, peu troublée par le reflux, était calme. La marée