Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/418

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rais sur cette terre après toi ! Cela est tellement monstrueux qu’il n’y aurait plus de soleil. Dea, Dea, remets-toi. C’est un petit moment d’angoisse qui va passer. On a quelquefois des frissons, et puis on n’y pense plus. J’ai absolument besoin que tu te portes bien et que tu ne souffres plus. Toi mourir ! qu’est-ce que je t’ai fait ? D’y penser, ma raison s’en va. Nous sommes l’un à l’autre, nous nous aimons. Tu n’as pas de motif de t’en aller. Ce serait injuste. Ai-je commis des crimes ? Tu m’as pardonné d’ailleurs. Oh ! tu ne veux pas que je devienne un désespéré, un scélérat, un furieux, un damné ! Dea ! je t’en prie, je t’en conjure, je t’en supplie mains jointes, ne meurs pas.

Et, crispant ses poings dans ses cheveux, agonisant d’épouvante, étouffé de pleurs, il se jeta à ses pieds.

— Mon Gwynplaine, dit Dea, ce n’est pas ma faute.

Il lui vint aux lèvres un peu d’écume rose qu’Ursus essuya d’un pan de la robe sans