Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/423

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dernière minute approche. Le bégaiement de l’ange commençant semblait s’ébaucher dans le doux râle de la vierge.

Elle murmura :

— Vous vous souviendrez, n’est-ce pas, parce que ce serait bien triste que je sois morte si l’on ne se souvenait pas de moi. J’ai quelquefois été méchante. Je vous demande à tous pardon. Je suis bien certaine que, si le bon Dieu avait voulu, comme nous ne tenons pas beaucoup de place, nous aurions encore été heureux, mon Gwynplaine, puisqu’on aurait gagné sa vie et qu’on aurait été ensemble dans un autre pays, mais le bon Dieu n’a pas voulu. Je ne sais pas du tout pourquoi je meurs. Puisque je ne me plaignais pas d’être aveugle, je n’offensais personne. Je n’aurais pas mieux demandé que de rester toujours aveugle à côté de toi. Oh ! comme c’est triste de s’en aller !

Ses paroles haletaient, et s’éteignaient l’une après l’autre, comme si l’on eût soufflé dessus. On ne l’entendait presque plus.