xx INTRODUCTION. Elles ont éperonné l'inspiration de V. Hugo dans le sens où elle s'orientait déjà : « Ceux qui ont dit que je faisais de l'art pour l'art ont dit une chose inepte ; personne plus que moi n'a fait de l'art pour la société et pour Vhumanitè ; j'ai toujours tendu à ce but et su ce que je voulais 1 . » Pourquoi donc faites-vous des prêtres Quand vous en avez parmi vous ? Les esprits conducteurs des êtres Portent un signe sombre et doux. Ces hommes, ce sont les poètes — Oui, grâce à ces hommes suprêmes, Grâce à ces poëtes vainqueurs, Construisant des autels poëmes Et prenant pour pierres les cœurs, Comme un fleuve d'âme commune,... Une sorte de Dieu fluide Coule aux veines du genre humain 2 . Philosophe, Prêtre, Mage, Conducteur de peuple : l'atti- tude est désormais définitive et le poète va tenter de réaliser par la poésie le rôle qu'il a vainement tenté d'atteindre par la politique. La philosophie que conçoit alors Hugo correspond étroite- ment à l'état de tension hyperbolique de sa volonté et de sa pensée, et, par une singulière coïncidence, les pratiques de spiritisme auxquelles il se livre donnent aux manifestations de ses idées philosophiques une source concrète et visuelle, qui les prépare à revêtir le caractère épique. tir de i856 (Cf. Annales politiques et littéraires, janvier-mars 1910); mais il n'ignorait pas non plus que Victor Hugo avait, à Jersey, dirigé les travaux littéraires de sa fille Adèle, en même temps que ceux de Mme Hugo. Il y a donc là des mémoires rédigés dans les mêmes conditions que le Victor Hugo raconté, à cette différence près que les notes d'Adèle, n'ayant pas été publiées, n'ont pas été revues par le poète ; mais il y a beaucoup de raisons de croire qu'elles ont été, sinon dictées, du moins directement inspirées par lui. . O. Uzanne, Journal de l'Exil, op. cit., p. 17. — Et il est vrai que, dès les Odes, V. Hugo affirme des préoccupations sociales. Cf. la note de la page iv sur le livre possédé par M. L. Barthou. a. Contemplations, Les Mages, 2& avril i855.
