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Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/336

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Il pleure ; l’empereur pleure de la souffrance D’avoir perdu ses preux, ses douze pairs de France, Ses meilleurs chevaliers qui n’étaient jamais las, Et son neveu Roland, et la bataille, hélas ! Et surtout de songer, lui, vainqueur des Espagnes, Qu’on fera des chansons dans toutes ces montagnes Sur ses guerriers tombés devant des paysans, Et qu’on en parlera plus de quatre cents ans !

Cependant, il chemine ; au bout de trois journées Il arrive au sommet des hautes Pyrénées. Là, dans l’espace immense il regarde en rêvant ; Et sur une montagne, au loin, et bien avant Dans les terres, il voit une ville très forte, Ceinte de murs avec deux tours à chaque porte. Elle offre à qui la voit ainsi dans le lointain Trente maîtresses tours avec des toits d’étain Et des mâchicoulis de forme sarrasine Encor tout ruisselants de poix et de résine. Au centre est un donjon si beau, qu’en vérité,