Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/338

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Mes enfants ! mes lions ! saint Denis m’est témoin Que j’aurai cette ville avant d’aller plus loin ! »

Le vieux Naymes frissonne à ce qu’il vient d’entendre.

« Alors, achetez-la, car nul ne peut la prendre. Elle a pour se défendre, outre ses béarnais, Vingt mille turcs ayant chacun double harnais. Quant à nous, autrefois, c’est vrai, nous triomphâmes ; Mais, aujourd’hui, vos preux ne valent pas des femmes, Ils sont tous harassés et du gîte envieux, Et je suis le moins las, moi qui suis le plus vieux. Sire, je parle franc et je ne farde guère. D’ailleurs, nous n’avons point de machines de guerre ; Les chevaux sont rendus, les gens rassasiés ; Je trouve qu’il est temps que vous vous reposiez, Et je dis qu’il faut être aussi fou que vous l’êtes Pour attaquer ces tours avec des arbalètes. »

L’empereur répondit au duc avec bonté : « Duc, tu ne m’as pas dit le nom de la cité ?

— On peut bien oublier quelque chose à mon âge. Mais, sire, ayez pitié de votre baronnage ; Nous voulons nos foyers, nos logis, nos amours. C’est ne jouir jamais que conquérir toujours. Nous venons d’attaquer bien des provinces, sire, Et nous en avons pris de quoi doubler l’empire. Ces assiégés riraient de vous du haut des tours.