Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/451

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L’orphelin remonta sur le blanc palefroi, Et rentra dans sa ville au son joyeux des cloches.


XI

CE QU’A FAIT RUY LE SUBTIL

Et dans le même instant, entre les larges roches, À travers les sapins d’Ernula, frémissant De ce défi superbe et sombre, un contre cent, On pouvait voir encor, sous la nuit étoilée, Le groupe formidable au fond de la vallée. Le combat finissait ; tous ces monts radieux Ou lugubres, jadis hantés des demi-dieux, S’éveillaient, étonnés, dans le blanc crépuscule, Et, regardant Roland, se souvenaient d’Hercule. Plus d’infants : neuf étaient tombés ; un avait fui ; C’était Ruy le Subtil ; mais la bande sans lui Avait continué, car rien n’irrite comme La honte et la fureur de combattre un seul homme ; Durandal, à tuer ces coquins s’ébréchant, Avait jonché de morts la terre, et fait ce champ Plus vermeil qu’un nuage où le soleil se couche ; Elle s’était rompue en ce labeur farouche ;