Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/475

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Grincent des dents au fond des chambres effondrées ; Le château de granit, pareil aux preux de fer, Lutte toute la nuit, résiste tout l’hiver ; En vain le ciel s’essouffle, en vain Janvier se rue ; En vain tous les passants de cette sombre rue Qu’on nomme l’infini, l’ombre et l’immensité, Le tourbillon, d’un fouet invisible hâté, Le tonnerre, la trombe où le typhon se dresse, S’acharnent sur la fière et haute forteresse ; L’orage la secoue en vain comme un fruit mûr ; Les vents perdent leur peine à guerroyer ce mur, Le Fôhn bruyant s’y lasse, et sur cette cuirasse L’Aquilon s’époumonne et l’Autan se harasse, Et tous ces noirs chevaux de l’air sortent fourbus De leur bataille avec le donjon de Corbus.

Aussi, malgré la ronce et le chardon et l’herbe, Le vieux burg est resté triomphal et superbe ; Il est comme un pontife au cœur du bois profond ;