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Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 2.djvu/13

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LES TRÔNES D’ORIENT




NOTICE

Il était impossible que l’auteur des Orientales ne fit pas à l’Orient une large part dans la Légende des Siècles.
Mais, des Orientales à la Légende des Siècles, les idées générales de Victor Hugo sur les événements historiques, aussi bien que sa conception particulière de l’Orient, se sont modifiées, et son inspiration de 1828 n’a que bien rarement fourni des éléments à l’épopée de 1859.
Tout d’abord, il y a une part de l’inspiration orientale qui n’est plus de mode au temps de la Légende des Siècles, c’est le philhellénisme. La pièce de 1453, épave isolée de l’inspiration de 1829, est un exception ; elle n’a pas été écrite au temps des Petites Épopées, et elle est, pour le fond, sans parenté avec elles. En réalité, V. Hugo a subi le contrecoup du changement qui s’est fait dans les idées françaises sur les destinées et les moeurs de la Turquie. Dès 1837, un romantique de la première heure, A. Royer, envoyait à V. Hugo un livre d’ Aventures de Voyage en Orient, où il citait avec admiration les Orientales du poète, mais où il se séparait nettement de ses vues politiques : il plaignait le sultan Mahmoud : "Nous lui avons, disait-il, traîtreusement brûlé ses flottes." En lisant la préface de l’ Histoire de la Turquie, de Lamartine (1855), on se rend compte de toute l’étendue du revirement de l’opinion[1]. V. Hugo lui-même, dans la conclusion

  1. Cf. la Notice de 1453, p. 433.