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Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 2.djvu/476

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De méditer, dans l’ombre où l’ombre se répète,
L’heure où l’on entendrait de cette âpre trompette
Un appel aussi long que l’infini, jaillir.
L’immuable semblait d’avance en tressaillir.

Des porches de l’abîme, antres hideux, cavernes
Que nous nommons enfers, puits, gehennams, avernes,
Bouches d’obscurité qui ne prononcent rien,
Du vide, où ne flottait nul souffle aérien,
Du silence où l’haleine osait à peine éclore,
Ceci se dégageait pour l’âme : Pas encore.

Par instants, dans ce lieu triste comme le soir,
Comme on entend le bruit de quelqu’un qui vient voir,
On entendait le pas boiteux de la justice ;
Puis cela s’effaçait. Des vermines, le vice,
Le crime, s’approchaient, et, fourmillement noir,
Fuyaient. Le clairon sombre ouvrait son entonnoir.
Un groupe d’ouragans dormait dans ce cratère.
Comme cet organum des gouffres doit se taire
Jusqu’au jour monstrueux où nous écarterons
Les clous de notre bière au-dessus de nos fronts,
Nul bras ne le touchait dans l’invisible sphère ;
Chaque race avait fait sa couche de poussière
Dans l’orbe sépulcral de son évasement ;
Sur cette poudre l’œil lisait confusément