Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/141

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Ses mains sur ses seins nus se crispent décharnées ;
Son œil lugubre songe, ivre d’obscurité ;
Ce spectre balbutie avec autorité ;
On dirait qu’elle fait la lecture éperdue
D’un mystérieux livre ouvert dans l’étendue ;
Parfois elle s’arrête en disant : Je ne puis.

En ce moment, au fond de sa grotte, affreux puits
Plein de l’effarement des visions occultes,
Ce sont les fondateurs de dogmes et de cultes
Et de religions que son regard poursuit.
Il semble qu’elle parle, à travers l’âpre nuit,
A ceux qui cherchent Dieu pour le montrer aux hommes.
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« -… Le livre d’en haut dit : — Qui que tu sois, qui sommes
« L’Etre de s’expliquer et le sphynx d’être clair,
« Qui que tu sois qui veux saisir l’eau, tenir l’air,
« Donner à la nuée une forme, et qui plonges,
« Avec ta nasse, bonne à la pêche des songes,
« Dans le sinistre abîme où flotte ce mot : Dieu ;
« Qui que tu sois, qui viens forcer l’ombre à l’aveu,
« Tâter la certitude avec ta main peu sûre,
« Au temple sidéral adosser ta masure,
«