Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/178

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Alors on aperçut, au détour de la route,
Un homme qui venait monté sur un ânon.

Cet homme, dont chacun se redisait le nom,
Etait le même à qui naguère un prêtre blême
Avait jeté du haut du temple l’anathème.
Il avait les cheveux partagés sur le front ;
Des femmes qui riaient et qui dansaient en rond,
Le suivaient, et de fleurs elles étaient couvertes,
Et des petits enfants portaient des branches vertes ;
Et de partout, des champs, des toits, des bois obscurs,
Et de Jérusalem dont on voyait les murs,
Sortait la foule, gaie, heureuse, pêle-mêle ;
Des mères lui montraient leur fils à la mamelle,
Et les vieillards criaient : Hosanna ! Quelques-uns
Soufflaient sur des réchauds où brûlaient des parfums ;
Il s’avançait avec le calme du mystère ;
Et ces hommes louaient cet homme, et sur la terre
Etendaient leurs habits pour qu’il passât dessus ;
Quelques lambeaux de pourpre à la hâte cousus
Faisaient une bannière en avant du cortège ;
Et tous disaient : — Que Dieu le Père le protège !
Voilà celui qui vient pour nous rendre meilleurs ! —