Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/195

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— Les trois femmes en deuil dans la tombe entreront,
Marchant l’une après l’autre, humbles, courbant le front
A cause du lieu bas et de l’entrée étroite,
Et verront un jeune homme assis dans l’angle à droite
Qui leur dira, serein comme un soleil levant :
« Pourquoi donc chez les morts cherchez-vous le vivant ?

La vision d’un être inouï qui se lève
Dans un sépulcre avec la lumière du rêve,
Fera fuir les soldats pleins d’un effroi sacré.

Trois jours après ma mort je ressusciterai ;
Mais quand j’apparaîtrai blanc près de la fontaine,
Vous me verrez ainsi qu’une forme incertaine ;
Madeleine croira que c’est le jardinier ;
Thomas commencera par douter et nier,
Mais les trous de mes pieds le forceront à croire ;
Et quand il aura mis dans ma blessure noire
Son doigt qu’il ôtera tiède et mouillé de sang,
Il s’en ira songer dans l’ombre en frémissant.

Priez. Ne livrez point ma doctrine aux querelles.
Est-ce que les épis sont pour les sauterelles ?
Quand je serai parti, vous répandrez ma loi.
Beaucoup se tromperont, l’erreur naîtra de moi.
L’ombre est noire toujours même tombant des cygnes.