Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/205

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Le sanhédrin, sous qui la Judée est courbée,
Ebauché par Moïse, accru par Macchabée,
Depuis qu’il a subi l’arrogant examen
Du préteur Gabinus, œil du sénat romain,
Se réfugie, ainsi qu’une orfraie effarée,
Dans une sorte d’ombre inquiète et sacrée ;
Jadis le peuple vil qui fourmille au soleil
Parfois apercevait cet austère appareil
Que la loi triste emplit de sa vague colère,
Les tables, les gradins, la chambre circulaire,
Les docteurs dans leur chaire assis sur les hauteurs,
Les scribes dans leur stalle aux genoux des docteurs,
Et l’essaim des enfants aux robes incarnates,
Les lévites, épars à terre sur les nattes ;
Maintenant tout est clos. C’est loin de tous les yeux
Que le Prince s’assied, spectre mystérieux,
Ayant le Père à droite, ayant le Sage à gauche ;
C’est dans l’obscurité qu’on laboure et qu’on fauche ;
Rome pouvant entendre, on cache les débats ;
Le sanhédrin se mure et la loi parle bas.

Donc depuis Gabinus, ce sénat de prière
Qui s’assemble au lieu dit le Conclave de Pierre,
Ce sanhédrin qui fait une haie à la loi,
Qui seul sait le comment et seul dit le pourquoi,