Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/265

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« Il a cru m’en chasser, c’est moi qui m’y soustrais.
« Il me croit prisonnier, je suis libre. Je plane.
« Et le démon, c’est l’aigle, et le monde, c’est l’âne.
« Et je ris. Je suis fier et content. J’ai quitté
« Les anges vains, abjects, vils, et toi, la clarté,
« Qui les corromps, et toi, l’amour, qui les subornes !
« O gouffres, quel bonheur que la haine sans bornes !
« Ce Dieu, ce cœur de Tout, ce père lumineux
« Que l’ange, l’astre, l’homme, et la bête, ont en eux,
« Ce pasteur près de qui le troupeau se resserre,
« Cet être, seul vivant, seul vrai, seul nécessaire,
« Je vais m’en passer, moi le colosse puni !
« C’est bien. Comme je vais maudire ce béni,
« Et faire contre lui, tandis qu’Adam l’encense,
« De la révolte avec mon ancienne puissance
« Et de la flamme avec les rayons que j’avais !
« Comme je vais rugir sur lui ! Comme je vais,
« Moi l’affreux face à face avec lui le suprême,
« Le haïr, l’exécrer et l’abhorrer ! » - Je l’aime !


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