Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/280

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

O ma lumière, où donc es-tu ; Satan t’implore.
M’entends-tu, dis ? reviens, aurore, aurore, aurore !
Ne leur dis pas : toujours ; ne me dis pas : jamais ;
Je souffre ! — oh ; tout est noir, je ne vois pas, je hais !

Je hais ; — oui, je vous hais, tas humain, foule blême,
Parce que vous l’aimez, parce que Dieu vous aime,
Parce que sa clarté brille à travers vos os,
Parce que vous plongez vos urnes aux ruisseaux,
Parce que vous passez vivants dans la nature,
Parce que vous avez, pendant que la torture
Me tenaille et que j’ai mon âme pour vautour,
Dans vos yeux l’espérance et dans vos cœurs l’amour !

Hommes, larves, néants, ombres, faces rapides,
Vous n’êtes pas contents ; ô favoris stupides,
Vous vous plaignez d’aller chaque jour vieillissant,
De passer, de sentir refroidir votre sang,
Et vous accusez Dieu ! Quel rêve est donc le vôtre !
J’ai perdu plus que vous, moi ; J’ai, l’un après l’autre,
Vu tomber mes rayons, comme vous vos cheveux !