Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/289

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tain,
Ceux qui marchent pieds nus et ceux qui n’ont pas même
Un toit l’hiver, ce sont des riches. Dieu les aime.
Ils ont pour vêtement ton regard de bonté.
Dieu ! n’être pas aimé, c’est là la nudité !
Etre dehors, c’est là le bitume et le soufre.


VIII

J’ai mis sous une pierre et scellé dans un gouffre
La justice, le bien, le pur, le vrai, le beau ;
Tout ce qui peut servir à l’homme de flambeau,
La vertu, la raison, penser, espérer, croire,
Ce qu’on nomme sagesse et ce qu’on nomme gloire,
Et je rêve accoudé sur ce tombeau profond.
Je suis grand. Et sous moi les ténèbres défont
Ce qu’a fait la lumière, et dans les noirs abîmes,
Pensif, j’entends tomber goutte à goutte les crimes.
Le chaos me contemple, et j’ai le pied dessus.
Hélas ! hélas ! mieux vaut l’étable où naît Jésus
Que Babel et Ninive et Tyr et Babylone,
Et Job sur son fumier que Satan sur son trône !

Oh ! si j’étais heureux, je serais bon ; Pitié !
Je ne maudirais pas ! L’onagre a-t-il