Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée




X

Je l’aime d’être beau, moi qui suis le difforme.
Que j’oublie un instant ! — ô souvenir ! — Je vois
Les anges lui parler dans l’ombre à demi-voix.
Que leur dit-il ; je suis jaloux ; Je me rappelle
Qu’il me parlait aussi, que la lumière est belle !
Je l’aime d’être bon, moi qui suis le mauvais.
Oh ! le temps d’un éclair, hélas ! si je pouvais
Au fond de mon chaos voir son ombre apparaître !
Je l’adore, ô terreur, plus que Jephté son prêtre,
Plus qu’Amos son prophète et David son chanteur.
Je l’aime d’être vrai, moi qui suis le menteur.
Le sang brûle mes yeux, l’écume emplit ma bouche,
Et, chien de l’infini, chassé du ciel, farouche,
Hagard, pleurant mon maître, à la porte du jour,
Mâchant le genre humain, je hurle mon amour !

Oui, chien !

                  En lui parlant ma voix devient horrible.
Parfois, pensif, courbé sous mon plafond terrib