Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/311

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Il se traînait, visqueux, blême, éclipsé, terni,
Reptile colossal du cloaque infini.

La caverne d’en bas de Tout ; voilà ce gouffre.

C’était du vide en pleurs et du miasme qui souffre.
D’affreux rocs ébauchaient de noirs décharnements ;
On croyait, dans la brume épaisse, par moments,
Entrevoir le cadavre effrayant de la Cause ;
Tout était mort ; Satan rôdait dans quelque chose
D’informe et de hideux qui paraissait détruit ;
De sorte qu’au milieu de la fétide nuit,
Tout étant noirceur, peste, épouvante, misère,
Lividité, ruine, il semblait nécessaire
Qu’au fond de cette tombe on vit ramper ce ver.

Si quelque ange, égaré dans l’éternel hiver,
Fouillant la profondeur du vide impénétrable,
Hélas ! fût arrivé jusqu’à ce misérable,
Il n’eût rien retrouvé dans ce dieu de l’enfer
Du géant éclaireur qu’on nommait Lucifer.
L’abîme avait fini par entrer dans sa forme.
La condamnation, lourde, lépreuse, énorme,
S’était, sur cet archange à jamais rejeté,
Lentement déposée en monstruosité.