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LA LÉGENDE DES SIÈCLES.

Une guerre à travers un pays endiablé ;
Nous y mangions, au lieu de farine de blé,
Des rats et des souris, et, pour toutes ribotes,
Nous avons dévoré beaucoup de vieilles bottes.
Et puis votre soleil d’Espagne m’a hâlé
Tellement, que je suis tout noir et tout brûlé ;
Et, quand je reviendrai de ce ciel insalubre
Dans ma ville de Gand avec ce front lugubre,
Ma femme, qui déjà peut-être a quelque amant,
Me prendra pour un maure et non pour un flamand !
J’ai hâte d’aller voir là-bas ce qui se passe.
Quand vous me donneriez, pour prendre cette place,
Tout l’or de Salomon et tout l’or de Pépin,
Non ! je m’en vais en Flandre, où l’on mange du pain.

— Ces bons flamands, dit Charle, il faut que cela mange ! »

Il reprit :

Il reprit : « Ça, je suis stupide. Il est étrange
Que je cherche un preneur de ville, ayant ici
Mon vieil oiseau de proie, Eustache de Nancy.
Eustache, à moi ! Tu vois, cette Narbonne est rude ;
Elle a trente châteaux, trois fossés, et l’air prude ;
À chaque porte un camp, et, pardieu ! j’oubliais,
Là-bas, six grosses tours en pierre de liais.