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Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 1.djvu/179

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LE PETIT ROI DE GALICE.

Lutter seul, et, n’ayant que deux bras, tenir tête
À cent vingt durs garçons, c’est une sombre fête ;
C’est un combat d’un sang généreux empourpré,
Et qui pourrait finir, sur le sinistre pré,
Par les os d’un héros réjouissant les aigles.
Entendons-nous plutôt. Les états ont leurs règles ;
Et vous êtes tombé dans un arrangement
De famille, inutile à conter longuement ;
Seigneur, Nuño n’est pas possible ; je m’explique :
L’enfantillage nuit à la chose publique ;
Mettre sur un tel front la couronne, l’effroi,
La guerre, n’est-ce pas stupide ? Un marmot roi !
Allons donc ! en ce cas, si le contre-sens règne,
Si l’absurde fait loi, qu’on me donne une duègne,
Et dites aux brebis de rugir, ordonnez
Aux biches d’emboucher les clairons forcenés ;
En même temps, soyez conséquent, qu’on affuble
L’ours des monts et le loup des bois d’une chasuble,
Et qu’aux pattes du tigre on plante un goupillon.
Seigneur, pour être un sage, on n’est pas un félon ;
Et les choses qu’ici je vous dis sont certaines
Pour les docteurs autant que pour les capitaines.
J’arrive au fait ; soyons amis. Nous voulons tous
Faire éclater l’estime où nous sommes de vous ;
Voici : Leso n’est pas une bourgade vile,
La ville d’Oyarzun est une belle ville,
Toutes deux sont à vous. Si, pesant nos raisons,
Vous nous prêtez main-forte en ce que nous faisons,