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LA LÉGENDE DES SIÈCLES.



V



Mourad, le haut calife et l’altier padischah,
En sortant de la rue où les gens de la ville
L’avaient pu voir toucher à cette bête vile,
Fut le soir même pris d’une fièvre, et mourut.

Le tombeau des soudans, bâti de jaspe brut,
Couvert d’orfèvrerie, auguste, et dont l’entrée
Semble l’intérieur d’une bête éventrée
Qui serait tout en or et tout en diamants,
Ce monument, superbe entre les monuments,
Qui hérisse, au-dessus d’un mur de briques sèches,
Son faîte plein de tours comme un carquois de flèches,
Ce turbé que Bagdad montre encore aujourd’hui,
Reçut le sultan mort et se ferma sur lui.

Quand il fut là, gisant et couché sous la pierre,
Mourad ouvrit les yeux et vit une lumière ;
Sans qu’on pût distinguer l’astre ni le flambeau,
Un éblouissement remplissait son tombeau ;