Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/16

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S’il osait blasphémer César que Dieu conduit,
Voir les corbeaux percher sur ses côtes la nuit,
Et la lune passer à travers son squelette. »

Ratbert dit : « Bon marquis, je te donne Spolète. »

C’est à Malaspina de parler. Un vieillard
Se troublerait devant ce jeune homme ; il sait l’art
D’évoquer le démon, la stryge, l’égrégore ;
Il teint sa dague avec du suc de mandragore ;
Il sait des palefrois empoisonner le mors ;
Dans une guerre, il a rempli de serpents morts
Les citernes de l’eau qu’on boit dans les Abruzzes ;
Il dit : « La guerre est sainte ! » Il rend compte des ruses,
À voix basse, et finit à voix haute en priant :
« Fais régner l’empereur du nord à l’orient !
Mon Dieu, c’est par sa bouche auguste que tu parles.

— Je te fais capischol de mon chapitre d’Arles, »
Dit Ratbert.