Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/248

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Les pestes, les forfaits, les cimiers fulgurants,
S’effacent, et la route où marchaient les tyrans,
Bélial roi, Dagon ministre,
Et l’épine, et la haie horrible du chemin
Où l’homme, du vieux monde et du vieux vice humain,
Entend bêler le bouc sinistre.

On voit luire partout les esprits sidéraux ;
On voit la fin du monstre et la fin du héros,
Et de l’athée et de l’augure,
La fin du conquérant, la fin du paria ;
Et l’on voit lentement sortir Beccaria
De Dracon qui se transfigure.

On voit l’agneau sortir du dragon fabuleux,
La vierge de l’opprobre, et Marie aux yeux bleus
De la Vénus prostituée ;
Le blasphème devient le psaume ardent et pur,
L’hymne prend, pour s’en faire autant d’ailes d’azur,
Tous les haillons de la huée.