Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/251

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Oh ! chacun de ses pas conquiert l’illimité !
Il est la joie ; il est la paix ; l’humanité
A trouvé son organe immense ;
Il vogue, usurpateur sacré, vainqueur béni,
Reculant chaque jour plus loin dans l’infini
Le point sombre où l’homme commence.

Il laboure l’abîme ; il ouvre ces sillons
Où croissaient l’ouragan, l’hiver, les tourbillons,
Les sifflements et les huées ;
Grâce à lui, la concorde est la gerbe des cieux ;
Il va, fécondateur du ciel mystérieux,
Charrue auguste des nuées.

Il fait germer la vie humaine dans ces champs
Où Dieu n’avait encor semé que des couchants
Et moissonné que des aurores ;
Il entend, sous son vol qui fend les airs sereins,
Croître et frémir partout les peuples souverains,
Ces immenses épis sonores !