Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/262

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Pensif, je regardais l’incorruptible airain.


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Les volontés sans loi, les passions sans frein,
Toutes les actions de tous les êtres, haines,
Amours, vertus, fureurs, hymnes, cris, plaisirs, peines,
Avaient laissé, dans l’ombre où rien ne remuait,
Leur pâle empreinte autour de ce bronze muet ;
Une obscure Babel y tordait sa spirale.

Sa dimension vague, ineffable, spectrale,
Sortant de l’éternel, entrait dans l’absolu.
Pour pouvoir mesurer ce tube, il eût fallu
Prendre la toise au fond du rêve, et la coudée
Dans la profondeur trouble et sombre de l’idée ;
Un de ses bouts touchait le bien, l’autre le mal ;
Et sa longueur allait de l’homme à l’animal,