Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/102

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D'un trou prodigieux et perpendiculaire,
Séparent le sentier de l'antre. Pas de pont.
Rien. La chute où l'écho tumultueux répond.
Les antres, là, sont sûrs ; les abîmes les gardent ;
Les deux escarpements ténébreux se regardent ;
À peine, en haut, voit-on un frêle jour qui point.
La fente épouvantable est étroite à ce point
Qu'on pourrait du sentier parler à la caverne ;
On cause ainsi d'un mur à l'autre de l'Averne.

Un sentier, mais jamais de passants.

                                                   Dans ces monts,
Le sol n'est que granits, herbes, glaces, limons ;
Le cheval y fléchit, la mule s'y déferre ;
Tout ce que les deux rois envoyés purent faire,
Ce fut de pénétrer jusqu'au rude sentier.
Parvenus au tournant, où l'antre tout entier,
Comme ces noirs tombeaux que les chacals déterrent,
Lugubre, apparaissait, les deux rois s'arrêtèrent.
Le bandit, que les rois apercevaient dedans,
Raccommodait son arc, coupait avec ses dents
Les nœuds, de peur qu'un fil sur le bois ne se torde,
Songeait, et par moments crachait un bout de corde.
L'eau du gave semblait à la hâte s'enfuir.
L'homme avait à ses pieds un vieux carquois de cuir