Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/166

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Elle a la majesté du sourire sincère ; Quand elle parle on croit entendre, ô bois profond, Un rossignol chanter au-dessus de son front ; Elle est pure, sereine, aimable, épanouie ; Et j'en ai la prunelle à jamais éblouie ; Comme Faune la suit d'un regard enflammé ! Comme on sent que les nids, l'amour, le mois de mai, Guettent dans le hallier ces douces âmes neuves ! Dans des prés où ne coule aucun des divins fleuves Qu'on appelle Céphise, Eurotas ou Cydnus, Elle trouve moyen d'avoir de beaux pieds nus ; Cette fille d'Auteuil semble née à Mégare ! Parfois dans des sentiers pleins d'ombre elle s'égare ; Oh ! comme les oiseaux chuchotaient l'autre soir ! Pas plus que le raisin ne résiste au pressoir, Pas plus que le roseau n'est au zéphyr rebelle, Nul cœur pouvant aimer n'élude cette belle. Comme la biche accourt et fuit à notre voix Elle est apprivoisée et sauvage à la fois ; Elle est toute innocente et n'a pas de contrainte ; Elle donne un baiser confiant et sans crainte À quiconque est naïf comme un petit enfant ; Contre les beaux parleurs, fière, elle se défend ; Et c'est pourquoi je fais semblant d'être stupide ; Telle est la profondeur des amoureux. Et Gnide, Amathonte et Paphos ne sont rien à côté Du vallon où parfois passe cette beauté. Muses, je chante, et j'ai près de moi Stésichore,