Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/197

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Rien ne rassasierait ta folie incurable. Tu voudrais exprimer dans le broc misérable Où tu bois, homme plein d'ennuis, Dans ton verre où les vins immondes se répandent, Les constellations, grappes d'astres qui pendent À la treille immense des nuits.

Car ton bâillement croit avoir, ô créature, Droit de vie et de mort sur toute la nature ; Jéhova n'est pas excepté. Oh ! comme frémirait d'orgueil ton âme noire, Bandit, si tu pouvais condenser, prendre et boire Le monde en une volupté !

Hélas ! pour en extraire une goutte d'ivresse, Tu tordrais l'univers, l'aube qui te caresse, La femme, l'enfant à l'œil bleu, Content, sans hésiter à la savourer toute, Et sans t'inquiéter si cette sombre goutte Est une larme devant Dieu !