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Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/200

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Vous n'avez donc jamais contemplé l'invisible ? Jamais vu l'idéal, et gravi du possible Le sommet désert, triste et grand ? Hélas ! vous n'avez donc jamais, sous le ciel calme, Vu luire l'auréole et frissonner la palme Et sourire un martyr mourant ? Vous n'avez donc jamais vu dans votre pensée L'étendue, où s'en vont, d'une course insensée, Les ténèbres, fuyant le jour ? Jamais vu l'infini qui rit à la chaumière, Que le soleil ne peut emplir de sa lumière, Mais que l'âme remplit d'amour ?

Dis, tu n'as donc jamais attaché ta prunelle Sur la profondeur morne, obscure et solennelle, À l'heure où le croissant reluit, Où l'on voit s'arrondir sur les mers remuées Ce fer d'or qu'a laissé tomber dans les nuées Le sombre cheval de la nuit ?

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