Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Toute ivresse m’aura dans sa dernière goutte ;
Et sur le trône il n’est rien à quoi je ne goûte.
Les Trajans, les Nérons
Sont à moi, honte et gloire, et la fange est épaisse
Et l’or est rayonnant pour que je m’en repaisse.
Tout marche ; j’interromps.


J’habite Ombos, j’habite Élis, j’habite Rome.
J’allonge mes anneaux dans la grandeur de l’homme ;
J’ai l’empire et l’exil ;
C’est moi que les puissants et les forts représentent ;
En ébranlant les cieux, les Jupiters me sentent
Ramper dans leur sourcil.


Je prends l’homme, ébauche humble et tremblante qui pleure,
Le nerf qui souffre, l’œil qu’en vain le jour effleure,
Le crâne où dort l’esprit,
Le cœur d’ou sort le sang ainsi qu’une couleuvre,
La chair, l’amour, la vie, et j’en fais un chef-d’œuvre,
Le squelette qui rit.