Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/381

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Méditer, c'est le grand devoir mystérieux ; Les rêves dans nos cœurs s'ouvrent comme des yeux ; Je rêve et je médite ; et c'est pourquoi j'habite, Comme celui qui guette une lueur subite, Le désert, et non pas les villes ; c'est pourquoi, Sauvage serviteur du droit contre la loi, Laissant derrière moi les molles cités pleines De femmes et de fleurs qui mêlent leurs haleines, Et les palais remplis de rires, de festins, De danses, de plaisirs, de feux jamais éteints, Je fuis, et je préfère à toute cette fête La rive du torrent farouche, où le prophète Vient boire dans le creux de sa main en été, Pendant que le lion boit de l'autre côté.